À quoi bon les jours de congé si je ne peux les écourter en prolongeant nos nuits jusqu’au midi, et à quoi bon le midi si je ne le distingue ni du minuit ni du lundi.
Que m’importe le réchauffement climatique si je grelotte par ta froideur. Que m’importe la sécheresse du monde si je venais á être frappé par la tienne. Quelle importance que l’air devienne irrespirable si je ne peux plus inspirer ton haleine. Que faire d’une eau propre si on n’y mêle plus la sueur de nos ébats. À quoi serviraient les montagnes si elles ne renvoyaient plus ton écho.
À quoi bon un ciel dégagé si je n’y trouve pas mon horizon. Que ferai-je d’une nourriture bio si je me laissais mourir de faim. Crois-tu que la vie du quinoa ou des koalas m’intéresse si tu n’es plus dans la mienne ? Certains souffrent dans un hospice ? Qu’ils sachent que je souffre dans un supplice ! Certains se noient dans l’océan ? Qu’ils sachent que je me noie dans le néant ! Certains ne mangent pas à leur faim ? Qu’ils sachent que je ne mangerai pas jusqu’à ma fin !
Les tuiles se fissurent ? Les poutres s’effritent ? Les murs s’écroulent ?
Rire.
Depuis ton départ je dors dehors. Quant à la guerre ! Si ceux qui la déclarent prenaient ma place, ils sauraient…
Ma peur d’un lendemain dénué de toi est un déchet radioactif enfoui dans le désert de moi. Nul besoin de tankers échoués, ton absence est ma marée noire. Les trous noirs dans le ciel pourraient-ils engloutir le soleil que je ne bougerai du pas de ma porte que j’ai cassée, et d’où je guette le jour où tu reviendras.
Le Livre de l’Apocalypse est devenu mon ouvrage de chevet, mon carnet de notes, mon agenda. Comment, sans toi, le monde pourrait-il être idéal ?
UN MONDE IDÉAL
De Fil d’Or – Collection TexStyles
