Prose
LE RESCAPÉ
Suis-je un homme ou un fantôme ? Suis-je un corps sans esprit ou bien un intrus éthérique dans le monde des vivants ? Le croisement du métal raisonne encore en moi, alors qu’il ne reste que des âmes suspendues aux branches balancées… Lire la suite »LE RESCAPÉ
LE REVENANT
Je l’ai laissé jouer près de moi avec l’inconscience du bienheureux. Alors que je ne m’en préoccupais guère, il ne prit pas la peine de se rappeler à moi. Il gambada tantôt devant, tantôt derrière, profitant de l’insouciance de l’enfant que je n’étais plus. Il tournoya autour de mes jours, flirtant de son aisance avec mes ans…
LA CAPRICIEUSE
Au zénith de l’âge, les irradiations de la passionme lancèrent à la construction d’une pyramide pour ma pharaonne. Puis je m’attelais à l’édification du grand voilier qui faisait ses rêves d’océans. Sur le lieu de ma sueur, au pied de… Lire la suite »LA CAPRICIEUSE
LE RETOUR DE L’ENFANT
Ce matin, des enfants ne rentreront pas chez eux.
Mais leurs mamans ne le savent pas encore.
Pourtant la maman sait toujours tout à l’avance.
Pas cette fois-ci. D’ailleurs elle ne le sait ni à l’avance, ni plus tard. Quand vous viendrez le lui dire, elle appellera la police pour chasser le fou que vous êtes.
L’ÉPICURIENNE
Elle regarde passer l’existence.
Couler telle une rivière langoureuse et somnolente, tel un ruisseau de miel. Elle semble ignorer les peurs et les problèmes comme le chat qui longe la gouttière, flegmatique et imperturbable.
Le ciel lui sert de toile lorsqu’elle repeint le souvenir de ses ans allongée sur l’herbe ou le tapis du salon. Le sel de la mer infuse ses pieds pour le sommeil des poissons lorsqu’elle accompagne les voiles à l’horizon, lorsque son regard paisible sert de bon vent aux marins sans bon port…
LA MIGRAINEUSE
Que de complicité apparente ! « Mon Dieu comme ils s’aiment » disent les uns.Or la termitière est installée depuis longtemps.La sensualité se conjugue au passé décomposé, le devoir conjugal au plus-qu’imparfait. L’évanescente nuisette du temps des lunes de miel, n’est plus… Lire la suite »LA MIGRAINEUSE
L’ASSOIFFÉE
Emu de ton extase devant le banal papier peint des voisins j’ai tapissé ta maison de fil d’argent. Tu considéras cette dépense mal placée car tu manquais de chemises, disais-tu. Sur les conseils de tes amies les meilleures, j’emplis ta… Lire la suite »L’ASSOIFFÉE
BOUTEILLE À LA MER
Dans l’obscurité je ne pouvais percevoir tes traits. Dans le noir tu ne pouvais lire mes signets. Deux figures de proues ballottées par les éléments qui n’auraient pu s’entrecroiser dans les brumes de leur traversée. Depuis notre naissance jusqu’au rivage… Lire la suite »BOUTEILLE À LA MER
RÊVES D’ENFANT
Mes souvenirs, rangés en armée vaillante et disciplinée, veillent à ce que je n’oublie jamais mes rêves d’enfant. Parfois, lorsque mon âme se trouve assiégée par des troupes d’émotions blasées, aigres et cyniques, mes centurions donnent l’assaut, chargent violemment, enfoncent… Lire la suite »RÊVES D’ENFANT
BESOIN DE RECONNAISSANCE
À l’inauguration du Musée, il fût organisé une fête mondaine. Des descendants d’esclave sont venus. Assister à l’exposition des ossements de leur dignité. L’un d’eux vient même d’être cyniquement nommé Directeur de l’établissement. Aux bourreaux en apitoiement, il servira des rafraîchissements. Debout, solennels, la larme à l’œil, ils se tiendront sur le tapis rouge tissé dans les cheveux crépus de leurs victimes, et coloré de leur sang. Il trinquera avec eux…
LES HOMMES
On arrive seul et on repart seul.
Certains arrivent à plusieurs (dans une poche amniotique) et repartent seuls (dans une caisse ou un drap blanc).
Certains arrivent seuls et repartent à plusieurs
(dans une carlingue ou une auto déchiquetée).
D’autres arrivent dans une éprouvette en verre.
En général, on arrive seul et on repart dans un linceul…
FUMER
Mes parents n’avaient pas de super 8.
Rien n’était super, pas même l’essence.
On roulait au mazout, on chauffait au charbon,
on vivait à l’ordinaire, et on marchait à l’amour.
L’amour qui donne des caresses, des fessées, et des ailes.
Les premières heures.
On y revient tant que notre mission n’est pas terminée.
C’est le karma…
GÉNÉRATIONS
J’ai oublié la plupart des premières heures. Comme nous tous. Je fais partie de la génération de ceux qui ont la chance de pouvoir en visionner quelques-unes dans la projection d’une bande Super 8. Les toutes nouvelles générations les découvriront, dans quelques années,
en tapant leur nom-prénom sur un moteur de recherche. Elles seront auréolées de commentaires, de “like” et de “share” pas très chers payés.
Les compliments, comme les amis pullulent de nos jours, sur la Toile. Ce sont les araignées qui se font rares.
Comme les papillons…