TOURNESOL

Ô passants, sachez que l’amour est son soleil. Chaque matin de sa vie elle tourne vers lui son visage radieux et ses espoirs délirants. Buvant la lumière, le ciel est l’abreuvoir dans lequel elle puise les gouttes de vie qui coulent dans les nervures de son être gai.

Elle accompagne les aurores de ses psalmodies aussi graves qu’espérantes. Le don est le baume dont elle s’enduit pour régénérer les tissus de son âme épurée. Le sourire est le nuancier dans lequel trempe son esprit coloré qu’elle projette sur les non-murs de son existence. Son rire est cet éclair soudain, don du ciel, qui illumine dans le noir d’une forêt le bosquet menaçant, rendant l’inconnu aussi chaud et familier que l’étreinte d’une mère pour l’enfant apeuré.

Debout sur sa tige fine, délicate et incassable, elle le suit son soleil, l’amour. Elle en boit les rayons à pleines gorgées comme l’animal qui tombe sur la source pure après une longue cavalcade, et qui reprend sa course jusqu’au crépuscule.

Elle éclaira notre nuit dernière de lueurs répétées et gémissantes d’extase. Ce matin, dans une poussière de particules grillées, voilée de vapeurs café dans le murmure d’une cascade de thé ambré, elle tartine notre bonheur sur de tendres tranches de pain de vie.