Un grand malin désira s’acquitter d’une dette
Durant dix années porta sa mère sur sa tête
Pensant avec elle régler tous ses comptes ainsi
Faisant d’elle un fardeau pour une pleine décennie
La déposant au terme de la dixième pesée
Satisfait d’avoir occis tous ses arriérés
Installé dans une vie des plus honnêtes
D’aucun ne pouvant prétendre à crédit plus net
Ce fut tranquillement qu’il accueillit la mort
Jamais à personne il n’avait causé de tord
Vers son jugement il alla donc l’âme en paix
Mais ô surprise qu’est-ce donc ce compte débité
À sa mère hélas il devait encore beaucoup
Qu’en devrait-il être alors pour pauvres de nous
Au Créateur il en demanda la raison
Est-ce donc si peu de la porter quarante saisons
Vos dix ans ne suffisent à payer ses neuf mois
Des trente ans de peines et soucis ne parlons pas
Si votre souhait tend vers le solde du total
Il vous faudra la porter des siècles en quintal
C’est avec cette sagesse que Dieu lui répondit
Sache qu’envers ses parents nul ne jouit de crédit
L’HOMME ET SA MÈRE
Fabliaux des Barbaresques – Collection Rime & Sup’Rime