LA CAPRICIEUSE

Au zénith de l’âge, les irradiations de la passion
me lancèrent à la construction d’une pyramide pour ma pharaonne. Puis je m’attelais à l’édification du grand voilier qui faisait ses rêves d’océans.

Sur le lieu de ma sueur, au pied de la pyramide, chaque midi tu m’apportais une jarre de lait, un quart de galette et quelques dattes afin de me sustenter (et – je m’en rends compte aujourd’hui – afin de vérifier l’avancement de ton projet).
A l’orée de l’achèvement, tu me dis qu’une embarcation plus légère nous serait préférable pour jouir des beautés du Nil. Dès lors, j’abattis mille palmiers pour la nouvelle charpente à fendre les flots. Afin de confectionner la voilure, je cousis mille arpents de satin que je choisis parmi les plus fins, et ainsi de tes délicates mains prendre soin.

Au terme des chantiers, tu me confias que tu t’ennuyais terriblement, que tu éprouvais le besoin de te retrouver. Alors tu m’annonças ton départ pour des horizons lointains, et surtout loin de moi.

Je restai seul devant ces autels dédiés à mon paganisme. Le voilier servit d’aliment au feu allumé en l’honneur de tes caprices. Et ta pyramide, Ô ma Pharaonne, est aujourd’hui mon tombeau.