La nouvelle vient de tomber : le danseur de tango
ne sera bientôt plus un percussionniste libre.
Viendra un temps, le peuple sera pendu.
Et ses droits suspendus.
Viendra un temps.
Sous peu.
Le Tango, un jour, disparaîtra.
Il n’y aura plus d’énergie suffisante pour le faire tourner.
Il disparaîtra.
Comme les peuples anciens.
Comme les esclaves qui furent à son origine.
Son portrait rejoindra les murs fissurés et larmoyants.
Ces parois qui pleurent en grise humidité la triste réalité d’avoir trop écouté les vaines conversations humaines.
S’approprier la nourriture du monde.
Rendues volontairement stériles, il n’y aura plus de graines fertiles. Voici donc la gratitude de l’homme civilisateur intelligent. Renvoyer aux largesses prolifiques de Mère Nature le pourboire aride d’un calcul détestable.
Des figures, certains maestros donnent l’amère épluchure et se réservent la pulpe et les sucs. Secreto del Maestro !
On dit qu’il n’y aura plus d’énergie suffisante pour faire tourner les automobiles. On me parlait d’un temps où chacun volerait dans sa propre soucoupe volante.
Voilà le temps où, en uniformes numériques et sur une bicyclette collective, nous pédalerons en masse vers le labeur. Pour un homme qui passera ses week-ends en famille sur Mars, dix mille personnes tasseront leurs ans et leurs vertèbres dans les entrepôts.
[…]
Titre du livre
Les femmes viennent de l’abrazo, les hommes vont à la sacada
Récit – Témoignage