Seigneur, il y a deux larmes qui coulent sur mon visage. L’une tombe comme une perle de l’œil de gratitude pour ce que Tu m’as octroyé, la vie avec sa besace de nourriture et d’amour. L’autre tombe comme une goutte acide de l’œil de tristesse, pour toutes ces âmes qui n’ont pas reçu l’exact de ce dont Tu m’as doté. Je te demande, Seigneur, de rassasier l’affamé comme Tu m’as nourri, de désaltérer l’assoiffé comme Tu m’as m’a abreuvé, de conduire l’orphelin sur le pas de porte d’une famille, de donner une compagnie au solitaire, de mettre l’amour dans le cœur aride, d’installer le bien-aimé dans la maison de l’esseulé, de rassembler les amoureux séparés, et de parer d’une légion de soldats protecteurs chacune de tes créatures.
Seigneur, Toi qui pardonnes nos pensées troubles et nos gestes gauches, à toute émanation de Toi, je dois l’amour, et si dans ma carence d’homme cette noble tâche peut m’être parfois inaccessible, je m’efforce dans ma petitesse, de la combler par le respect de chacune de tes créations quel que soit sa croyance, sa couleur, ou sa forme. Donne-moi la force d’opposer l’indifférence là où je voudrais haïr.
Nous ne sommes que des gouttes de pluie tombées du nuage universel que Tu es, et qui courent en ruisseau vers l’océan infini que Tu es. Entre deux, nous aurons eu à choisir entre nourrir la terre, abreuver le bétail, ou bien stagner dans le creux d’une roche pour participer à son érosion. À chacun de nous aura été assignée une mission, et mon bonheur suprême serait d’avoir marché dans le sillon que Tu as creusé pour moi. Tu es mon port d’attache, mon port de destination, ma boussole, le flot qui me porte, et le vent qui m’entrave par l’avant pour me rendre plus fort, et me pousse par l’arrière pour me faire aller plus loin.
Si tes dessins sont trop grands pour nos yeux, et tes desseins inaccessibles à notre intelligence, ton amour nous environne jour et nuit comme l’amour d’une mère pour son enfant, et comme l’étendue d’une mer pour le pêcheur dans sa barque. C’est pourquoi dans la brume comme sous le soleil, j’avance sans la crainte et je devance avec le sourire. Car qui connaît le contentement méconnaît la faim, qui ressent la gratitude connaît l’abondance, et qui aime sans calcul reconnaît son chemin puisque Tu le précèdes et Tu ouvres sa route avec ta lumière.
PRIÈRE
– Jute, soi, émoi – Collection TexStyles –