Emu de ton extase devant le banal papier peint des voisins j’ai tapissé ta maison de fil d’argent. Tu considéras cette dépense mal placée car tu manquais de chemises, disais-tu.
Sur les conseils de tes amies les meilleures, j’emplis ta garde-robe au point d’encombrer de fils, de soies, et de laines, la cuisine et le cellier. Rien ne fut à ta convenance ni à ton haleine. Tu ramenas le tout à la boutiquière qui, la malheureuse, étala tous ses modèles à tes pieds telle une reine. Rien ne fut encore à ton goût, quelque-soit le sou. Tu revins donc avec un bon d’achat pour l’année à venir.
Afin que tu n’oublies point ton rendez-vous, je t’offris une pendule d’époque que tu trouvas encombrante aux allures de toc. Je l’échangeais contre une montre en or, que tu estimas mal venue car tu manquais de pantalons pour aller dehors. Je t’offris le mien et je sortis courir nu dans la rue.
Des individus en blanc vinrent à mon secours.
Aujourd’hui je prends le thé avec un homme qui promène sa brosse à dent, et un autre qui picore les cailloux. Nous savourons le bonheur d’être saints d’esprit, rassasiés, étanchés, et préservés de l’éternelle assoiffée.
L’ASSOIFFÉE
Brocart & Chanvre à coucher – Collection TexStyles